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Ilka Oliva Corado, Histoire d’une sans-papiers : Traversée du désert de Sonora-Arizona
jeudi 7 septembre 2017, par
– français
– traduit de l’espagnol (Guatemala) par Françoise Couëdel
– 978-2-36949-005-0
– 114 pages, 7500 FC
– septembre 2017
– dépôt légal : NV 3.01811-57447
– En partenariat avec la revue DIAL.
Le livre
Ilka Oliva Corado, guatémaltèque, vit désormais aux États-Unis. Dans Histoire d’une sans-papiers, elle témoigne du périple qui l’a menée de son pays d’origine jusqu’à son lieu de vie actuel. Aux frontières de l’Europe, des États-Unis, du Japon, ailleurs aussi, tous les jours, des migrants tentent, comme elle, de parvenir de « l’autre côté ». Ce livre met des mots sur cette « traversée » qui est à chaque fois unique en même temps qu’elle est partagée.
« C’est notre deuxième jour dans le désert ; nous croisons au sol des cadavres de migrants dont certains ne sont plus que des os et des vêtements ; d’autres dépouilles en décomposition depuis des jours : hommes, femmes et enfants. Sans effets personnels, beaucoup criblés de balles, ce qui signe l’action de la migra, des groupes criminels ou des hommes en civil bien connus – mais invisibles pour la justice états-unienne. Dans quel enfer sommes-nous tombés ? »
L’autrice
Écrivaine et poétesse, Ilka Oliva Corado est née à Comapa, dans le département de Jutiapa (Guatemala), le 8 août 1979. Enfant, elle vendait des glaces sur le marché de Ciudad Peronia, dans la banlieue de Guatemala, la capitale, avant de devenir professeure d’éducation physique et arbitre professionnelle de football. Elle a publié 11 livres. Un nuage de passage qui s’est penché à son chevet l’a baptisée « migrante sans-papiers diplômée en discrimination et racisme ».
Recensions et notes de lecture
– Note de lecture de Grégory Lassalle, Le Monde diplomatique (France), avril 2018, p. 24 (pdf).
Ilka Oliva Corado a émigré clandestinement aux États-Unis en provenance du Guatemala, en 2003. Pour elle comme pour ses compagnons de fortune, la traversée à pied du désert frontalier s’est révélée un cauchemar : les hôtels de migrants dans des villes abandonnées, les extorsions des cartels, de la police, les lumières des projecteurs, les tireurs embusqués, les chasses à l’homme, les haut-parleurs juchés sur des pick-up, les fourgons à chiens, les morgues pour clandestins, la peau qui se déchire contre les barbelés… Même pour un public averti, ce récit à la première personne surprend. Quand on migre, il faut aller vite, et chaque douleur est finalement vite effacée devant l’urgence d’affronter la suivante. L’auteure nous fait vivre cette expérience de l’obstination et de la résilience étape par étape et au rythme où elle les a vécues. La souffrance et l’effroi s’installeront dans le silence qui suivra cet itinéraire. « La frontière est une voleuse, qui dessèche peu à peu l’âme. » Ce n’est que dix ans plus tard qu’elle transforme son épreuve en ce récit puissant et sa douleur en un acte de résistance.
– Recension d’Anna Perraudin dans les Cahiers des Amériques latines, n° 88, 2018.
– Note de lecture de Roselyne de Clapier, Faim et Développement (France), n° 303, mars 2018, p. 31 (pdf).
Du Guatemala à l’Illinois : les dangers d’une traversée
Des rodéos, la nuit, de policiers armés, assistés d’hélicoptères, encerclant avec 4x4 et motos des groupes de migrants ayant traversé les quatre rangées de barbelés des frontières mexicaine et américaine. Cela se passe en 2003, au milieu du désert de Sonora. Ces patrouilles anti-sans- papiers violent les femmes, avant de tirer sur elles, mais aussi sur les hommes et les enfants ; abandonnent les blessés à une mort certaine et repartent à l’assaut d’autres groupes. C’est l’épisode le plus effrayant du témoignage de la Guatémaltèque Ilka Oliva Corado, arrivée aux États-Unis sans papiers. Récit haletant, du départ du Guatemala à l’arrivée chez sa sœur dans l’Illinois, sous la guidance de multiples « coyotes » – les passeurs – jusqu’à la rançon finale exigée auprès de sa famille qui l’attend. Ilka Oliva Corado, désormais écrivaine reconnue aux États-Unis, a un don pour recréer les atmosphères, les pièges, les attentes, la psychologie de ses compagnons d’infortune et la sienne pendant ce terrible périple de 16 jours. Elle avait alors 23 ans. Une lecture bouleversante sur un sujet toujours d’actualité.